Prologue Tome 2
Novembre 2021
Traînée par les pieds à même un sol terreux et criblée de caillasses, je crois mourir de douleur alors que ma tête est recouverte d’un sac en tissu. J’ai réellement de la peine à garder mon calme, épuisant le peu d’oxygène qu’il m’est possible d’inspirer.
— Arrête de crier, salope !
Mon bourreau m’agenouille de force tandis que mes mains sont sanglées à l’arrière de mon dos. Mes liens demeurent beaucoup trop serrés, beaucoup trop meur- triers. Je le sais et je le sens, ce n’est plus qu’une ques- tion de temps avant que je ne perde toutes mes sensations. Au risque peut-être que je sois lacérée et que le sang coule le long de mes phalanges à flots, me souillant et me vidant de toute mon essence.
— Tais-toi et obéis à ton maître, sale petite chienne ! crie-t-il en enlevant le sac de ma tête.
Mes yeux me piquent, mes membres tremblent et mon cœur tambourine tel un forcené, me tétanisant de panique. Je ne suis pas là où je devrais être… Seule et désemparée, je suis loin de celui qui me protège, face au mal incarné. Il me fixe de ses pupilles sombres et ténébreuses. Il me transperce de son essence maléfique, éteignant définitivement tout espoir en moi. Et lorsque ses mains se rapprochent de mon visage couvert d’égra- tignures et d’ecchymose, je prie le saint Seigneur de me sauver de sa perfidie, en vain.
Rien ni personne ne peut désormais me délivrer de son emprise si malfaisante.
Je suis finie, détruite, vouée à un calvaire des plus mortifiants…
Alors qu’il passe son collier blasphématoire autour de mon cou, je vrille de l’intérieur. C’est comme s’il me salissait, comme s’il brisait mon âme. Je me sens violée, définitivement enterrée.
— Maintenant, tu m’appartiens.
Je pourrais me lever, arracher cet immonde bout de cuir, mais je reste impuissante, fracassée, nue et menacée par son arme blanche. Oui, le couteau qu’il tient là, tout prêt de ma carotide, ne demande qu’à me transpercer. Au moindre geste déplacé, au moindre signe de riposte, il me plantera et je le sais parfaitement.
Et puis, j’y pense, oui… Et si justement la mort se trouvait être ma seule porte de sortie ?
Ever Inked